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Egzagone : le collectif rap lyonnais self-made

4 novembre 2020 | écrit par Siloé Ordonez

Formé en 2016, le collectif et label indépendant lyonnais “Egzagone” est composé de plusieurs artistes aux casquettes multiples. Rappeurs, beatmakers, DJ ou ingé son : cette polyvalence artistique les rend plus forts. Afin d’y voir plus clair sur les identités du crew, nous avons rencontré Esmo, Ry’s, Walon, Djibril et Marka. 

“On s’est rencontré il y a quatre ans à peu près, moi j’avais un groupe avec Marka, on avait des connaissances en commun et puis on s’est rencontré au fil de nos vies. On s’est dit qu’on devait faire un truc en commun vu qu’on partageait tous la même passion”, nous confie Ry’s

Egzagone
Egzagone

Tout ce que t'écoutes est fait maison

crédits photos : Juliette Valero 

Ils sont de ceux qui prônent la recette self-made. Dans les coulisses d’Egzagone, tout est cuisiné à cette sauce. Et pour cause, la polyvalence est leur cheffe de file : à côté du rap, chaque membre tient à faire avancer le groupe d’une façon ou d’une autre. Certains créent les instrus, d’autres sont ingés son, travaillent les clips, les créations visuelles, ou bien la production. Avoir le contrôle de tout, et rester entre potes, telle est leur politique de création.

L’objectif, en terme de succès et d’estime, serait de devenir les porteurs d’une nouvelle école à Lyon. Quelque chose qui s’inscrit dans le rap moderne, tout en respectant le rap de l’époque. Quelque chose qui leur ressemble. En ce moment, ils produisent d’autres artistes au sein de leur studio. Le plan, c’est de continuer à faire ce qui les fait vibrer, mais à plus grande échelle. 

“On fait de l’Egzagone. Y a pas vraiment de type. On fait ce qu’on aime, et pas seulement du rap, on s’ouvre à plein de choses. La manière dont on rappe est en accord avec le rap qu’on écoute, c’est générationnel.“

L’école d’Egzagone se veut actuelle, mais tend toujours à jouer avec les codes anciens, tout en conservant une rigueur précise dans le rap. Bercés par A$AP Rocky, A$AP Ferg, DaBaby et les Migos, ils se décrivent comme un groupe de kickeurs. Mais, en parallèle, chaque membre tend à se développer en solo afin de casser cette idée de masse, et montrer que chaque artiste est capable de se faire entendre indépendamment du groupe. L’intérêt est d’évoluer en tant qu’artiste à part entière, de sortir des projets plus personnels, de tenter des choses de façon à ce que le public s’identifie. 

Egzagone

Lyon c’est Gotham, on t’accueille avec le sourire de Heath Ledger 

La scène lyonnaise se veut créative, variée et talentueuse. Elle tend à s’ouvrir de plus en plus, mais reste prisonnière de son statut underground, car les artistes ne se mélangent pas forcément. Chose qui semble évoluer selon Marka

“Il y a énormément d’artistes à Lyon, encore plus que ce qu’on peut penser. Des vrais talents. On est perçu comme une scène underground, par rapport à Paris, et c’est normal. Il est dommage que certains artistes cherchent à conserver cette signature underground. Parce qu’à côté de ça, il y a des mecs qui viennent écouter et qui s’emparent de cette essence underground, en la rajoutant à une formule un peu plus mainstream. Et du coup, c’est eux qui vont briller, pendant que les underground restent underground. C’est aux rappeurs de Lyon de se mélanger un peu plus et de montrer qu’ils peuvent aussi plaire à un public plus large.” 

Si la recette est self-made, le collectif tend à conserver cette patte locale, et à travailler avec des acteurs de la scène lyonnaise : High Teig, Konnorkilla, Ap11, Richi, Amax.mp4, et bien d’autres. 

 

Tout se passe entre Lyonnais, même s’ils ne sont pas fermés aux autres. Esmo s’est d’ailleurs exprimé au sujet de cette scène : “La scène lyonnaise, c’est l’exemple du modèle économique du rap aujourd’hui, parce que les rappeurs vont de moins en moins vers les maisons de disque. Elle ressemble à cette génération d’artistes qui ont une carte son chez eux, un micro, qui sont capables de s’enregistrer, de mixer et de faire leurs prods. Underground pour moi ça veut rien dire, mais c’est une génération très spontanée, qui fait ses trucs dans son coin. Avec Egzagone, nous, on essaie de fédérer, d’être un vecteur de tous ces trucs-là. C’est une scène qui se veut unie tant que des gens font en sorte qu’elle le soit.” 

 

Lorsqu’ils évoquent la jeunesse lyonnaise, ils relèvent un manque d’identité. Pour cause, il s’agit d’une jeunesse qui peine à se centraliser, sauf autour de la fête. Cette génération, par rapport au monde dans lequel on vit, devra prendre des choix pour conserver certaines valeurs qui se perdent peu à peu. Il y a une démesure immense entre ce qu’il se passe, et ce que les jeunes veulent au fond. Esmo affirme que les jeunes, dans une recherche d’évasion disproportionnée, ont peur de l’ennui, et du fait d’être seuls. Selon lui, c’est très symptomatique de l’époque, parce qu’on passe son temps à se rencontrer les uns et les autres sur nos écrans. Il y a une sorte de dualité à ce niveau qui est folle, parce qu’on est seuls mais on s’ennuie jamais. Cette jeunesse a beaucoup d’espoir, mais n’a pas toujours l’ambition de ses idées. Il ajoute que le monde dans lequel on est, et qu’on va connaître dans les années à venir, est tellement assombrie par les enjeux de notre époque qu’il représente un défi immense à relever pour la jeunesse. Jeunesse qui essaie de se noyer dans des arrières mondes.
 

“ Notre jeunesse jouit énormément de possibilités, de distractions, de vecteurs de plaisir et de divertissement. Mais au final, les gens sont tristes et se rencontrent peu. Du coup on fait rarement des rencontres sincères, il y a un côté un peu triste et paradoxal avec le fait qu’on est tout le temps en train de communiquer. Cette génération est paradoxale en fait, et je pense pas qu’il y ai vraiment une jeunesse lyonnaise, mais une jeunesse française. On est ce qu’on fait, et à Lyon on fait peut-être des choses différentes qu’à Paris ou à Marseille, parce que c’est pas la même configuration, qu’il n’y a pas forcément les mêmes acteurs culturels sur place, mais il y a des lieux communs dans toutes les villes. Dans cet espèce de brouillard il y a toujours des gens comme nous, des gens comme vous, qui essaient de faire des choses et de mettre en place des choses. D’entreprendre. “ 

Egzagone
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Équipe de champions amène 12 médailles

Récemment, l’équipe a dévoilé le clip de “Souplesse 1”, aux côtés de Richi, et réalisé par Amax.mp4. Une prestation électrique qui témoigne d’une réelle détermination. Les prochains épisodes de cette série du même nom sont dans le four, avec un invité par clip. L’esprit de groupe est souple, ils se poussent vers le haut, imposent leur vision et se montrent plus motivés que jamais. Et si certains projets ont été ralenti par le confinement, la suite arrive très vite.

Vous pouvez retrouver Exagone sur Instagram & Facebook.

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