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INTERVIEW DE MARIE DURAND, DIRectrice DE LA commune
LA COMMUNE
LA "PLACE DU VILLAGE" DU 7ème
ARRONDISSEMENT
crédit photo : archives, La Commune
18 avril 2020 | écrit par Lola Mison
Depuis mi-mars 2020, et en raison de la crise sanitaire que l’on doit au Covid-19, les établissements accueillant du public sont fermés jusqu’au 11 mai à minima. La Commune, food court et lieu de vie situé au coeur du 7ème arrondissement de Lyon est dans leurs rangs. Nous avons rencontré Marie Durand, directrice générale de la Commune, pour discuter avec elle de la friche industrielle dans lequel le projet vit, du food-court, ou encore de sa vision de la jeunesse lyonnaise.
Une ancienne menuiserie réhabilitée en tiers-lieu
Trois collaborateurs sont à l’initiative de la Commune : Deborah Hirigoyenn, Damien Doublet et Damien Beaufils.
La volonté était de construire un lieu de vie, en recréant une sorte de place du village, telle que l’on peut la connaître dans des petites communes de Bretagne ou du Sud-Ouest par exemple. Une espace convivial où tous les habitants se rassemblent, font la fête; font société. Où familles, retraités, jeunes, de toutes origines et de tous horizons sociaux se confondent autour d’un moment bienveillant.
L’idée est là, maintenant il s’agit de trouver un lieu relativement grand, adapté à la reconstruction d’une place du village et de toutes les activités que l’équipe a envie de proposer, qui ne prendrait pas sens sur un espace limité.
Les trois monteurs de projet tombent sur un hangar situé au coeur du 7ème arrondissement par le biais de Deborah Hirigoyen, architecte. Le quartier est notamment en pleine évolution, ce qui intéresse tout particulièrement Marie Durand, directrice générale de la Commune, de pouvoir s’inscrire dans cette construction de quartier.
Le bâtiment est une ancienne menuiserie Vigne, établissement artisanal emblématique de l’agglomération lyonnaise ouvert en 1947. C’est après un incendie en 2007 et une fermeture définitive en 2014 que la famille Vigne, séduit par le le projet de la Commune, prend la décision de leur louer leurs murs, à partir de juin 2017.
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Le lieu se prête parfaitement à l’ambition de l’équipe avec 7m de hauteur sous plafond et plus de 1 000m2 de surface exploitable. S’en suit alors une année de travaux, dont la mise en place des législations pour l’accueil de public, afin de refaçonner l’espace en fonction du projet de la Commune, pour une ouverture officielle en mars 2018.
L’âme architecturale et artisanale du lieu a été conservée. En effet, les murs de la Commune n’ont pas bougé depuis la construction de la menuiserie en 1947, même si certains ont été ajoutés pour la mise en oeuvre de l’activité. De plus, la finalité est similaire à celle de l’ancienne activité; l’artisanat.
Un tremplin pour chefs
En partenariat avec la CMA (chambre des métiers et de l’artisanat), la Commune a développé un food-court, concept de restauration où plusieurs formes de cuisine sont proposées par différents prestataires; un « tremplin pour chefs » selon Marie Durand. En effet, la Commune accueille 10 chefs sur des périodes de 6 à 12 mois, avec comme objectif le test des concepts de leur projet. Ce lieu d’artisanat culinaire arrive après l’étape d’un incubateur¹, il s’agit de la phase d’accélération du projet. C’est à dire que le projet est déjà prêt, la société créée et que les chefs en sont à leurs premiers pas sur le marché et à l’optimisation de leurs processus de fonctionnent. C’est ce qu’on appelle un fab-lab.
Le food-court s’adresse aussi aux personnes en reconversion professionnelle souhaitant démarrer dans le monde de la restauration, sans prendre de gros risques financiers et pouvant bénéficier d’un accompagnement.
Un lieu de vie pour tout le monde
La Commune, c’est donc un tiers-lieu² où l’on peut venir manger, mais elle dispose aussi d’un bar, d’un grand jardin, et surtout de grands espaces destinés à l’organisation d’événements.
L’enjeu de ce lieu de vie est de rassembler un public très mixte; toutes les générations, toutes les classes sociales, et tous les centres d’intérêts, ainsi que de décloisonner les cultures. Marie Durand a d’ailleurs relevé que viser les 15-30 ans était leur plus gros challenge actuel.
L’objectif est de partager, notamment en faisant appel à des associations locales, expertes dans un domaine, souhaitant transmettre leur savoir mais aussi faire participer un public plus ou moins averti. La finalité de ces activités est vraiment de faire se rencontrer du monde et de créer du lien social. Pour se faire, la Commune peut mettre en place différentes animations : conférences, concerts, ateliers, spectacles; toujours en lien avec une problématique sociale.
Marie raconte : « Ce qui est intéressant, c’est qu’on décloisonne. C’est à dire que souvent, c’est des événements qui sont super sympas mais qui se font en petit comité, en vas clos. Et là, on a donné à voir ces enjeux là à un public qui venait pour autre chose. On s’est retrouvé avec des shows de dragqueens ou des conférences avec des enfants de 10 ans et des grands parents de 70 ans, et ça c’était vraiment super chouette. Quand on fait des événements comme ça, la Commune porte tout son sens. »
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Nous avons demandé à Marie Durand si la Commune s’inscrivait dans de l’urbanisme transitoire.
« Je pense qu’on fait plus partie d’un dynamisme de société qui est de dire que ce n’est pas profiter d’un urbanisme de transition que de repenser l’urbanisme d’une manière générale que de se reposer sur du transitoire. C’est de construire un urbanisme qui va favoriser le lien, décloisonner, ne plus penser en silo mais faire se rencontrer. On va plus travailler sur des notions de ville qui se reconstruisent ou qui ont été désertées. C’est ‘comment on va, au travers de lieux comme ça, réanimer et créer des lieux emblématiques où les gens vont pouvoir se retrouver.' Cela peut être un PMU en Bretagne, finalement c’est un lieu de vie. »
Une jeunesse lyonnaise engagée
Nous avons demandé à Marie Durand comment la Commune décrivait la jeunesse lyonnaise. Elle nous explique :
« Jeunesse lyonnaise ou pas d’ailleurs. Ce qui est très riche dans cette jeunesse, c’est qu’elle est engagée, elle ose poser les questions, qui ose remettre en question, qui ose prendre la parole, et je pense qu’il y a un certains nombre de signaux qui sont très positifs. La question c’est comment on peut la favoriser, en donnant de l’écho à ses caractéristiques et en allant associer d’autres projets, d’autres techniques, d’autres contenus. C’est en leur donnant la parole en fait, de leur donner de la visibilité, et je crois que c’est notre rôle aujourd’hui. La richesse elle vient de cette jeunesse. C’est vraiment fort de voir à quel point il y a plein de choses aujourd’hui, qui peuvent bouger grâce à elle. Donc oui ils ont envie de faire la fête, mais il y a souvent des questions en filigrane qui sont vraiment intéressantes et sur lesquelles il y a une vraie réflexion.
Ce qui est compliqué, c’est qu’il y a tellement d’engagements différents. (…) Je pense que l’enjeu de demain c’est vraiment de fédérer la jeunesse, de montrer tout ce qui raccroche ces sujets de société, que ce soit la culture du viol, le racisme… Dans le fond ce qui prône, c’est juste la tolérance. »
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Cet article est issu de la série « Terrain Vague », une rétrospective des lieux oubliés de Lyon qui questionne la réhabilitation de ces espaces vacants. L’idée est de pouvoir faire un état des lieux de la destination de ce patrimoine oublié et d’interviewer les différents acteurs de ces endroits urbains.
SOURCES
¹ Selon Wikipedia, un incubateur est « une structure d’accompagnement dans la création d’une entreprise ».
² Les tiers-lieux ou « The Third Place » par Ray Oldenburg.
Crédits des photos de l'article : La Commune