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LA FRICHE NEXANS 

UNE ANCIENNE USINE

DANS UN ECRIN DE BITUME 

17 mai 2020 | écrit par Mathilda Saccoccio

Il existe à Lyon, une multitude de lieux oubliés. La plupart des bâtiments de ce patrimoine sont issus de la vague de désindustrialisation du quartier de Gerland. Nous avons eu la chance de pouvoir découvrir la Friche Nexans, une ancienne usine de câbles, en plein centre du 7e arrondissement.

 

Au-delà des barbelés et d'un mur d'enceinte recouvert de tags, il existe une friche industrielle d'environ 8,5 hectares. Le lieu comporte un immense terrain vague avec deux imposants bâtiments parallèles. À l'intérieur, des colonnes en rang de soldats supportent ce patrimoine rectangulaire à demi ouvert. Le soleil projette alors des ombres géométriques sur l'asphalte sale et poussiéreux des édifices. On questionnerait presque l'existence même de ce site vacant, semblable à deux colosses de béton, oubliés par la ville. Le temps semble s'être arrêté en ce lieu et le vent balance lentement quelques tentures de travaux déchirées sur de larges fenêtres. 

 

Le bâti paraît prisonnier de son propre passé, comme si sa mémoire avait déserté les étages. Sur les extrémités, de solides escaliers se répondent au travers du bâtiment. L'ascenseur a depuis longtemps cessé de fonctionner et quelques murs de la friche tombent en ruine. Au loin, il est possible d'apercevoir Fourvière et des oiseaux s'envolent à tire-d’aile au-dessus du bitume. Le rooftop possède une vue à 360 degrés sur le 7e arrondissement et les multitudes de flaques sur le sol du terrain vague nous projettent dans les mirages des lieux oubliés. Malgré sa taille imposante, le site semble passer inaperçu. Autour de la friche et de la rue Pré Gaudry, le quartier possède des aires de dortoirs à l'architecture aseptisée.

Un écho aux adieux des usines

 

La Friche Nexans est très méconnue du grand public et il existe peu de documentation à ce sujet.

Pourtant, un siècle s'est écoulé depuis la naissance de ces bâtiments. Selon les archives municipales de Lyon¹ , le terrain est acquis par une fabrique de câbles en 1896 afin d’y fabriquer du matériel. En 1917, elle devient la « Compagnie Générale des Câbles de Lyon », le siège social est transféré plus tard à Paris. Au milieu du 20e siècle, l’activité du câble électrique à Lyon connaît une croissance exponentielle et devient une référence. Cette activité est indispensable à l’industrialisation de la ville. Dans les années 80, l’entreprise de câble se développe et entre chez « Alcatel Câble » qui devient par la suite « Nexans », leader mondial de l’industrie du câble. Pour reprendre les termes des archives en ligne de la Bibliothèque Municipale de Lyon² , à ce moment-là, naît : « la future tête chercheuse de Nexans ». Au fil des mutations urbaines, le site devient l’une des dernières usines de Gerland avec les Usines Fagor-Brandt.

 

En 2013, le journal l’Humanité dénonce dans un article³ « les stigmates de la désindustrialisation de ces lieux rongés par la délocalisation ». Le quartier le plus industrialisé de Lyon refuse de faire mourir ses dernières usines. « Le symbole est lourd de sens : ce serait la fin du Gerland ouvrier du 19e et du 20e siècle, qui a connu toutes les vagues d’immigration passées des bidonvilles aux HLM », écrivait le média. Décriées par de nombreux urbanistes, les constructions immobilières du quartier de Gerland font peu à peu disparaître la mémoire ouvrière de la ville. Au regard de cette mutilation du paysage urbain, il est important d’archiver au présent, le reste de ce patrimoine anachronique. La mémoire de nos villes est parfois reconstruite en dépit d’enjeux immobilier plus important, tel que le logement. 

Depuis la fermeture de Nexans, l'endroit est abandonné.

Le site appartient aujourd'hui à Bouygues Immobilier et il est rare de pouvoir avoir la possibilité de se promener entre ses murs. Néanmoins, sous l'impulsion de Maxime Cadel, responsable des projets urbains UrbanEra et Bouygues Immobilier, le site a été utilisé pour des tournages. Le clip « Wolf » de Chinese Man et le court métrage « Long Live The King » d’Abrupt production et de 7ème Etage ont été réalisés à l'intérieur de la friche.

 

Une chose est sûre, le lieu laisse place à l'imagination de tous les possibles.

friche nexans lyon
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friche nexans lyon
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crédits photos : Noémie Lacote 

Cet article est issu de la série « Terrain Vague », une rétrospective des lieux oubliés de Lyon qui questionne la réhabilitation de ces espaces vacants. L’idée est de pouvoir faire un état des lieux de la destination de ce patrimoine oublié et d’interviewer les différents acteurs de ces endroits urbains.

SOURCES

¹ Archives municipales de Lyon, "Une longue histoire de câble"

² Archives BM de Lyon, janvier 2001,  "Usine de câbles Nexans"

³ L'Humanité, 6 mars 2014, "A Lyon, adieu aux usines?"

Chinese Man - Wolf (Chapelier Fou Remix)

Patrimoine Auvergne Rhône-Alpes 

Patrimoine Auvergne Rhône-Alpes 2

Plus d'information sur l'histoire du site Nexans ici

Crédits photos de l'article : Mathilda Saccoccio

mentions légales | yoshka.lyon@gmail.com 

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