29 mai 2020 | L'équipe de la rédaction
Avec la crise sanitaire et les mesures gouvernementales, la culture est à l’arrêt. L’occasion pour les acteurs culturels locaux, les structures et les médias indépendants d’imaginer la fête et la culture de demain. Lancés par Arty Farty, les États Généraux des acteurs culturels et des médias indépendants se dérouleront à Lyon en septembre. Les revendications principales : repenser ensemble la culture et les médias de demain et garantir l’indépendance et la diversité culturelle en France.
Un « après » qui ne doit pas être comme « l’avant » : la crise sanitaire du Covid-19 a stoppé net l’activité des acteurs culturels, de la nuit et de l’événementiel. Ceux que l’on adorait retrouver le week-end, en fin de journée et après le travail. Une coupure qui permettrait de réinventer la fête et la culture de demain. Après avoir lancé l’Appel des indépendants, le 11 mars, les acteurs de la culture lyonnaise accueilleront les Etats généraux de la culture et des médias indépendants en septembre prochain (2020).
Les signataires de cet Appel souhaitent « constituer l’espace d’une réflexion commune sur la culture et les médias indépendants, leur fonctionnement, leurs interdépendances, les modalités d’accompagnement de l’action publique et de contractualisation avec le privé, la coopération et les nouveaux paradigmes à inventer, dans une logique d’intelligence collective. »¹
« Nous sommes seuls, donc nous devons être ensemble. »
Cet Appel, comprenant d'abord une trentaine de structures lyonnaises, a ensuite été rejoint par 300 signataires partout dans l’hexagone. Aujourd’hui, les signataires sont plus de 1000, répartis dans plus de 120 villes en France. « Alors que les grandes institutions ont un niveau de financement public qui, dans l’immense majorité des cas, ne menacera pas leur survie et que les collectivités publiques endossent la responsabilité de leur pérennité, nous devons nous battre chaque jour pour tenter de sauver nos emplois et faire entendre la fragilité de notre secteur »¹ , pointent les signataires de l’Appel. Cette déclaration s'accompagne d'une forte inquiétude quant à la perte de diversité au sein du milieu culturel. « Alors que nous sommes contraints à cette visibilité économique à très court terme, la crise à l’inverse aiguise les appétits et accroît la prédation des grands groupes qui profitent de la fragilité des petites et moyennes structures culturelles et des médias indépendants pour les racheter et conforter leurs monopoles. »¹
De nouvelles perspectives d’avenir à réfléchir en créant une synergie collective autour des questions culturelles et médiatiques. « Nous pensons que la question n’est plus de savoir s’il faut un 'New Deal de la Culture et des médias'. Nous l’appelons de nos vœux depuis des années. La question est celle de ses enjeux, de son périmètre, de ses objectifs et de sa méthode. »¹
Restitution à Lyon, puis direction Bruxelles : un combat engagé et d’initiatives locales
La préparation de ces états généraux commence dès le mois de juin, avec la définition de la méthodologie et de la mise en œuvre. En juillet et août 2020, un temps de débat et de co-construction, sous la forme de 100 ateliers organisés dans 20 territoires en France pour faire émerger des thèmes, des idées, des propositions. Le programme précise que des initiatives comparables pourront être menées simultanément dans d’autres pays européens. En septembre, un temps de mise en commun et de cristallisation aura lieu avec un rendez-vous de deux jours qui réunira, à Lyon, des représentants de tous ces territoires. Et en octobre, place à une mise à l’échelle européenne, sous la forme d’un rassemblement à Bruxelles, de tous les réseaux européens et fédérations d’acteurs culturels et médias indépendants.
La démarche se veut décentralisée et en réseau : « L’initiative émerge du dialogue entre les structures indépendantes elles-mêmes, des villes, des territoires. Que le déclencheur soit « l’Appel de Lyon » et qu’il soit relayé sur 20 territoires en France métropolitaines et outre-mer puis porté à l’échelle européenne est significatif. »¹
En terminant cet Appel à la solidarité en citant les ombres qui planent à l’Est de l’Europe, en Hongrie, en Pologne, où « le pouvoir ronge encore un peu plus les libertés et mène de véritables guerres culturelles », les signataires tapent fort et placent les médias, festivals et lieux culturels indépendants comme de « précieux et courageux espaces de résistance et d’expression. »¹
![RNI-Films-IMG-99A0B3CB-D6A0-4B9C-9483-46](https://static.wixstatic.com/media/7f3d5f_e23126c663ca47b2b098a0ffa5b54aba~mv2.jpg/v1/fill/w_751,h_563,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/RNI-Films-IMG-99A0B3CB-D6A0-4B9C-9483-46.jpg)
crédits photos : Mathilda Saccoccio
La jeunesse, acteur de la culture et de la diffusion de l'information de demain
Ce paysage post-crise doit intégrer une pluralité d'acteurs, ce qui implique dans sa diversité qu'il soit transgénérationnel. La jeunesse ne doit pas être laissée au ban.
Les initiatives événementielles, associatives et les espaces d'innovation foisonnent dans le milieu de la culture et des médias. L'entreprenariat chez les jeunes est florissant.
Nous sommes
les bénévoles de vos festivals et de vos industries culturelles et créatives
les stagiaires de vos rédactions et de vos entreprises
les étudiants en quête de professionnalisation et de changement
les artistes à la pointe de notre nouvelle génération
les citoyens les plus connectés au monde
les principaux consommateurs du marché de la fête
les actifs du présent et de demain
Parce que la rédaction de Yoshkä est composée uniquement de jeunes, il est important pour nous, d’une part, d’inciter nos pairs à participer à ces Etats Généraux mais aussi, d’alerter sur l’ignorance que nous subissons de la part des institutions et des grands groupes culturels et médiatiques.
« Evaluer et repenser les priorités des politiques publiques de la culture, fixer de nouveaux caps » impliquent de fait, une aide aux projets entrepreneuriaux dans la culture et les médias pour les jeunes. Au sein des acteurs du monde culturel et médiatique, les jeunes sont principalement les plus ouverts, les plus disponibles et les plus dynamiques. Nous proposons des idées novatrices sur les défis de la culture et des médias de demain. En tant que nouvelle génération, nous sommes à la pointe du numérique et bien trop conscients des nouveaux enjeux de la culture et des médias. Il s’agit de sortir des préjugés de l’ataraxie de la jeunesse.
Si « imaginer une politique culturelle à la hauteur de son époque » implique prioriser l’émergence et le rôle de la jeunesse, il convient de nous prendre en compte comme acteur à part entière et non comme simple destinataire du changement. Nous pouvons faire partie du processus de décision et nous sommes capables de piloter des projets. Il s'agit de mettre fin aux schémas selon lesquels cette jeunesse est uniquement destinataire de l'offre culturelle et médiatique ou une génération à laquelle on souhaite offrir un meilleur avenir. Aujourd'hui, choisissons ensemble cet avenir car notre parole a du poids. La jeunesse est bien trop déléguée comme rôle d'exécuteur ou alors d'agitateur et rarement de façon active dans un processus décisionnaire. Les Etats Généraux doivent impulser une nouvelle politique culturelle notamment co-écrite avec la jeunesse.
Nous sommes les plus concernés par les questions contemporaines de notre génération. Nous devons sortir de cette éternelle proposition verticale et être inclusif. Il s’agit de collaborer avec la jeunesse et qu’elle soit porteuse de projet.
Notre rédaction étant signataire de l'Appel des indépendants, nous encourageons les structures culturels et médiatiques, composées principalement de jeunes, à rejoindre l'initiative. Plus que jamais nous avons besoin d’être unies et de lancer une dynamique d’intelligence collective autour du futur de la culture et des médias. Rassemblons-nous pour penser le rôle de la jeunesse dans la culture et les médias de demain.
Nous sommes ensemble.
L’équipe de la rédaction
![RNI-Films-IMG-353892B7-AEDA-49E9-92B3-2B](https://static.wixstatic.com/media/7f3d5f_e3560c340b8a4664b6c610134d8640b1~mv2.jpg/v1/fill/w_755,h_566,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/RNI-Films-IMG-353892B7-AEDA-49E9-92B3-2B.jpg)
crédits photos : Mathilda Saccoccio